Une 992 hybride en développement à Weissach
Porsche ne s’est jamais caché d’avoir développé la 992 dans le but d’une future hybridation. D’ailleurs, le logement de sa boîte de vitesses PDK à 8 rapports (proche de celle équipant la Panamera) a été conçu dès le départ pour pouvoir y loger un moteur électrique additionnel. Seulement voilà, les ingénieurs de la firme allemande sont confrontés à un inconvénient de poids : la masse des batteries jugée « incompatible avec l’ADN d’une Porsche 911 » selon les concepteurs de la 992. C’est ce que l’on nous disait fin 2018, lorsque la huitième génération de 911 fut présentée au public. Depuis, le PDG de Porsche, Oliver Blume, s'est exprimé en expliquant que "la plateforme de la 911 hybride est prête, nous possédons d'ailleurs des prototypes (...) c'est très amusant à piloter". Sans malheureusement nous donner plus de détails sur les solutions techniques retenues.
911 et hybride, des choix techniques difficiles
Quels sont les choix techniques possibles pour « hybrider » une 911 ?
Il y a 10 ans déjà, Porsche développait pour les 24 heures du Nürburgring une 911 GT3 R Hybrid dotée d’un volant d’inertie capable de stocker l’énergie fournie par les décélérations et de la réinjecter sur une courte durée via des moteurs électriques placés à l’avant de l’auto. Une solution adaptée à la compétition mais peu compatible avec un usage quotidien. L’effet de « boost » obtenu étant limité dans le temps, le gain en consommation est faible sur les longs parcours. Autre inconvénient, le dispositif prend de la place.
Une autre solution pourrait être de stocker l’énergie par l’intermédiaire de supercondensateurs, comme l’a récemment fait Lamborghini sur son modèle Sian. Capables de supporter un nombre très élevé de cycles de charges et de décharges, ils ont également l’avantage de se charger et se décharger très rapidement. Un atout appréciable pour obtenir un gain de puissance instantané, mais de courte durée. Inconvénients : leur densité énergétique est encore limitée par rapport à des batteries lithium-ion classiques et leur prix très élevé.
La voie la plus économique serait celle de la micro-hybridation. Le moteur thermique est assisté par un alterno-démarreur jouant le rôle de générateur en récupérant l'énergie cinétique lors des freinages ou des décélérations. L’énergie ainsi récupérée sous forme d’électricité est stockée dans une batterie de 48V. Solution efficace pour assister le moteur thermique en ville (et ainsi diminuer les émissions polluantes) car les arrêts et redémarrages sont fréquents. Malheureusement, le gain en consommation est faible voir nul sur route et autoroute.
Technologie connue, maitrisée et installée par Porsche depuis de nombreuses années sur ses Cayenne et Panamera Hybrid, ce mode d’hybridation semble le plus probable pour notre chère 911. En utilisant le moteur électrique de 100 kW (136 ch) de ces dernières, une hypothétique « 992 Carrera 4 S E-Hybrid » pourrait approcher les 580 ch et rouler en « tout-électrique » sur une cinquantaine de kilomètres à condition de ne pas dépasser 135 km/h. Une solution qui permettrait également d’épargner la 911 de tout malus sur les émissions de C02. Soit une économie de près de 30 000€. Seul bémol : le poids. 310 kg pour le système actuellement employé sur la berline et le SUV de Stuttgart. Qui acceptera une Porsche 911 affichant plus de 1800 kg sur la balance ?
Les ingénieurs Porsche ont jusqu’à 2022, date d’apparition de la phase II de la 992, pour gérer ce casse-tête. D’ici là, espérons que les puristes accepteront que leur vénérée 911 ne soit plus propulsée que par son mythique flat 6 et qu’elle ait pris un peu d’embonpoint ! Après tout, la 918 Spyder a ouvert la voie de l’hybridation et Ferrari semble avoir réussi à concilier le meilleur des deux mondes dans sa nouvelle SF 90 Stradale grâce à une batterie de faible capacité mais de forte puissance. La route semble donc toute tracée pour la star de Stuttgart ! Qu’en pensez-vous ?