Porsche 911 Carrera 3.2 : intérêt justifié ?

Née en 1963 avec un flat 6 de 2 litres, la Porsche 911 « classic » a toujours évolué par petites touches. Par des évolutions mécaniques successives, elle aboutit à la très désirable 911 Carrera RS 2.7 de 1973 de 210 ch. Il faut attendre 1974 pour voir apparaître une première « vraie » évolution stylistique avec l'avènement des fameux pare-chocs à soufflets (voulus par les autorités américaines pour absorber les petits chocs), du capot court et du bandeau rouge marqué du logo Porsche qui unit les deux feux arrière. On parle alors de 911 Type G. Bien que la 911 Carrera 2.7 Type G, produite en 1974 et 1975, partage le même moteur que sa glorieuse aînée, ce n’est qu’à partir du millésime 1983 (!) que la 911 atmosphérique dépasse enfin la puissance de 210 ch de ces dernières avec la très appréciée 911 Carrera 3.2, qui par une augmentation modeste de sa cylindrée (passage de 3 l pour la 911 SC à 3.2 l) et l’adoption d’une injection moderne développe 231 ch. La Porsche 3.2 est considérée comme la 911 du renouveau, marquant un tournant dans l’histoire de la marque. Pourtant, Ernst Fürhmann ne voyait en l’avenir de Porsche que les modèles à moteurs avant refroidis par air. La 911, sauvée par Peter Schutz (le remplaçant de Fürhmann) soutenu par Ferry Porsche, poursuit petit à petit son développement. 

C’est tout le paradoxe de la 911 Carrera 3.2. Bien que produite jusqu’en 1988 (voire 1989 pour les 930 Turbo et les Speedster 3.2), la 911 Carrera 3.2 est bien une voiture ancienne, sans comparaison avec ses concurrentes des années 80. Pas d’ABS, pas de direction assistée, un embrayage qui demande un peu de force et une pédale de frein qui réclame un peu de doigté. La Porsche Carrera 3.2 conserve la boîte de vitesses 915 (la G50 est adoptée à partir de 1987), dont les deux derniers rapports ont été légèrement allongés au profit de la consommation et des émissions sonores. Les suspensions font encore appel aux fameuses barres de torsion apparues sur les VW Coccinelle et les 356. Vous l’avez compris, la 911 Carrera 3.2 n’est pas très technologique pour l’époque, à l’inverse d’une Porsche 928, et, à part une injection Bosch moderne, vous ne serez pas embêté par une électronique omniprésente qui n’était pas toujours parfaitement maîtrisée dans ces années-là. Un bon point si vous êtes garagiste dans l’âme ou si vous faites entretenir votre 911 Carrera 3.2 par un spécialiste indépendant qui a l’habitude de travailler sur ces voitures. En bref, n’attendez pas de cette voiture des prestations de voiture actuelle ou même de « youngtimer », vous serez déçu. Par contre, les performances sont de tout premier ordre avec le 0 à 100 abattu en 6,1 s, un 1000 m en 26,8 s et une vitesse de pointe qui culmine à 245 km/h. Et il y a surtout ce caractère moteur et cette sonorité incomparable qui la rendent si attachante. 

Esthétiquement, la 911 3.2 partage de nombreux points communs avec la 911 SC qu’elle remplace. Elle se distingue par un nouveau bouclier avant intégrant les antibrouillards et de nouvelles jantes de 15” appelées “jantes téléphone” (qui laissent majoritairement place à des jantes Fuchs). Avec des changements quasi inexistants en dix ans, la 911 gagne le cœur des passionnés qui voient en elle une voiture à la ligne intemporelle. Dans l’habitacle, le tableau de bord reçoit des bouches d’aération plus grandes avec un nouveau dessin et de nouveaux contacteurs. Les sièges sont abaissés de 20 mm et la fermeture centralisée est livrée de série. Quelques modifications sont apportées au fil des années, telles que le volant à quatre branches et un nouveau dessin de sièges apparus lors du millésime 1985. 

• Points d’attention

Elle est loin l’époque où la Porsche 3.2 faisait office de ticket d’entrée dans l’univers Porsche. Et il n’y a qu’à voir les prix : entre 64 et 72 000 € pour le parfait selon la boîte. Malgré une importante production (29 124 modèles pour le monde dont 10 496 Targa), trouver le bon modèle ne s’avère pas tâche aisée. Premièrement parce qu’il est possible de trouver des voitures bien au-dessus du marché. Deuxièmement parce que l’historique des 911 Carrera 3.2 n’est pas toujours une science exacte. Inutile de vous lancer à la recherche d’un modèle à l’historique irréprochable. Mieux vaut se concentrer sur l’état de la voiture, préférant ainsi un entretien correct sur les cinq à dix dernières années, factures à l’appui. 

Nous vous invitons également à vérifier l’état général de la voiture en prêtant attention aux traces éventuelles de corrosion, de potentiels chocs mal réparés, l’état des trains roulants, l’étanchéité moteur ainsi que les commandes. Il est impératif d’essayer la voiture avant l’achat. Des professionnels spécialistes sauront vous accompagner dans votre projet. 

• Fiabilité et entretien

La 911 Carrera 3.2 demande un certain suivi. Bien que galvanisée, sa carrosserie peut rouiller (baie de pare-brise, bas de portes etc…), les joints peuvent durcir (boîte, carter etc.) et entraîner des fuites d’huile, la distribution par chaîne doit être régulièrement contrôlée pour éviter une destruction du moteur et les vidanges nécessitent un volume d’huile conséquent en raison du carter sec. N’oublions pas que nous avons affaire à une voiture de près de 40 ans qui ne donnera le meilleur d’elle-même que si elle a été correctement entretenue, d’autant plus que le kilométrage est difficilement vérifiable. Ces précisions prises en compte, foncez si vous en convoitez une, elle ne vous apportera que du bonheur et la certitude de posséder un peu du mythe Porsche, avec à la clé une cote qui restera toujours soutenue.

Pour retrouver toutes les informations sur la 911 Carrera 3.2, rendez-vous dans les numéros suivants, disponibles à la commande ou via l’abonnement digital. 

• N°304 et n°397 - Guides d’achat
• N°167 - 3 exemplaires en piste
• N°153 et n°154 - Les 20 ans de la 3.2 en 20 questions
• N°144 - Bilan complet après 205 000 km
• N°100 - Rouler au quotidien en 3.2
• N°47 - Comparatif 3.2 915/G50 et SC

Et bien d’autres numéros, à découvrir dans nos archives !

Par Fabien Caron, mis à jour par Charlotte Bazaille