L’essai d’une Singer Classic Study 4.0

Impossible de passer à côté du phénomène Singer si vous aimez les 911. Cette entreprise née en 2008 à Los Angeles à l’initiative de Rob Dickinson a rapidement, par l’intermédiaire des réseaux sociaux et la qualité exceptionnelle de ses réalisations, acquit une réputation mondiale. Le principe du fondateur est simple :  réimaginer une 911 ancienne en y intégrant le meilleur, pour en faire une véritable œuvre d’art roulante. En partant de châssis de 964 fournis par les acheteurs, Singer réinvente la Porsche de leurs rêves pour en faire des pièces uniques, aujourd’hui particulièrement recherchées par les collectionneurs. Certains crient au génie, d’autres au scandale. Singer existe maintenant depuis plus de 15 ans, ses réalisations ne cessent de prendre de la valeur, et le petit entrepôt qui donnait naissance aux premières créations s’est transformé en véritable usine à rêves. Comme le rappelle Nicolas, l’heureux propriétaire du véhicule : “Lors de mon premier voyage chez Singer, en juin 2018 [...] il y avait quelques voitures en cours de réalisation dans un petit entrepôt de Los Angeles. Et défense de prendre des photos. Quand j’y suis retourné à la fin de l’année dernière pour prendre possession de celle que l’on a baptisée « Pyla », j’ai pu découvrir leurs nouveaux locaux de Torrance, et on est très loin de l’image « d’amateurs » que certains pourraient encore imaginer.” Aujourd’hui, les ateliers de Singer sont immenses et gèrent toutes les étapes de la création d’une auto. Depuis l’été 2022, Singer a arrêté de prendre des commandes de son modèle « Classic Study », celui que vous avez sous les yeux, annonçant vouloir contenir la production à 450 unités pour son modèle phare, dans deux versions de carrosserie (Coupé et Targa) et avec trois choix de motorisation : 300 ch, 360 ch et 400 ch pour la version 4.0. Cette dernière, qui nous intéresse ici dans l’article, dispose de nombreux éléments personnalisés choisis par son propriétaire.  

Chaque Singer est unique, portant un nom choisi par l'acquéreur. Celle-ci, baptisée "Pyla", fait référence à la célèbre Dune du Pilat, un lieu cher à Nicolas, son propriétaire. La voiture se distingue par sa teinte Blue Blood, à la fois sobre et originale, alliant un style classique et moderne. Que l’on soit adepte du restomod ou non, il est difficile de ne pas succomber à son charme. Le respect de l’esprit Porsche est omniprésent, dans chaque détail de cette création. Les boucliers avant et arrière, alliant aérodynamisme et design, rappellent la 911 2.5 S/T, notamment avec ses ailes arrière élargies. Les jantes, qui reprennent le célèbre design Fuchs de la 911 S, sont désormais de 17 pouces, avec une largeur de 225 mm à l’avant et 265 mm à l’arrière. Nicolas les a personnalisées en nickel anodisé pour l’étoile et la couronne, tandis que le fond reprend la couleur de la carrosserie. Le nickel brossé se retrouve d’ailleurs sur plusieurs autres éléments : les rétroviseurs, les poignées de porte, les encadrements de vitres et de phares, ainsi que les inscriptions "Porsche" et "Singer" qui ornent le capot moteur.   

Un détail marquant est le bouchon en métal brossé sur l’aile arrière droite, destiné à l’alimentation en huile du moteur, un clin d'œil subtil aux modèles 911 de 1972. Malgré sa silhouette classique, la Singer Classic Study a évolué, loin de la 911 originale. Pour sublimer la voiture, les traditionnelles bandes latérales Singer sont rehaussées d’un coloris nickel, tout comme la double bande centrale qui traverse la carrosserie, un hommage au rallye, l'une des passions de Nicolas. 

L’intérieur de cette Singer a été soigneusement repensé, tout en respectant l’essence de la marque Porsche. Le métal finition nickel se retrouve dans de nombreux détails, comme le pédalier, le repose-pieds passager, et les baguettes décoratives du tableau de bord. Même les entourages des enceintes et les cerclages de compteurs sont en nickel, sur demande de Nicolas. Le compte-tours habituellement orange des Singer, avec sa graduation jusqu’à 11 000 tr/min, a été personnalisé en gris à la demande du propriétaire. Pour cet exemplaire unique, les moquettes traditionnelles ont été remplacées par des éléments assortis à la couleur de la carrosserie. L'intérieur, quant à lui, est tapissé de cuir crème, à l'exception du tableau de bord, des portes et du volant, qui sont recouverts de cuir noir. Les sièges siglés Recaro, qui rappellent les modèles Sport disponibles en option sur les premières générations de 911, bénéficient maintenant de réglages électriques. Contrairement à d'autres modèles Singer, cet exemplaire n’adopte pas le cuir tressé, mais plutôt un cuir naturel sobre, reflétant la simplicité recherchée par le propriétaire. 

Enfin, les compartiments avant et arrière sont d'une finition exceptionnelle, avec du cuir matelassé crème, y compris la cloison séparant l’habitacle du moteur, renforçant l'impression d'une attention minutieuse portée à chaque détail de cette transformation. 

Fabien Caron, rédacteur en chef de Flat 6 Magazine a pris le volant de cette Singer Classic Study 4.0. Il livre ses sensations de conduite dans le n°396 : “Dès que je m’installe à bord, je suis surpris par l’étroitesse des assises et la profondeur des sièges. Au démarrage, la double sortie centrale d’échappement se rappelle à votre bon souvenir par sa sonorité, au cas où vous ne l’auriez pas vue. Sourde, presque caverneuse, rappelant les anciennes 911 de rallye. Voilà qui promet ! Qui impressionne même. Dès les premiers tours de roues, on prend vite conscience, malgré la douceur de la direction, plus assistée que celle d’une 964, que la Singer Classic Study tient plus de la reine des rallyes que de la diva des salons. Le faible débattement de ses suspensions se fait ressentir à chaque déformation du revêtement et le moteur 4.0 de 400 ch développé par Ed Pink Racing Engines ne semble pas particulièrement friand des très bas régimes. Pour autant, bien qu’il ait été pensé comme un moteur de course, il sait très bien s’affranchir des trajets en ville, pour peu que vous n’hésitiez pas à rentrer la première pour éviter quelques à-coups. La commande de boîte, contrairement à l’idée que l’on pourrait se faire, est douce et précise, avec des verrouillages francs. Son maniement, avec son levier qui rappelle vaguement celui des 911 Type G en version raccourcie est un vrai bonheur. Par rapport à la 964, cette boîte de vitesses gagne d’ailleurs un sixième rapport qui fera la joie des autoroutiers. Mais clairement, telle n’est pas la vocation de cette Singer. Son truc à elle, ce sont les routes larges et bien revêtues qui serpentent à n’en plus finir. Avec seulement 1250 kg revendiqués, des voies larges et des gommes Michelin Pilot Sport 4S spécialement développées pour elle, la Singer semble rivée au sol, malgré la route détrempée. Plus que jamais, dès que le rythme s’accélère, on a l’impression d’être à bord d’une voiture de rallye qui aurait enfilé sa robe de soirée. Le moteur se montre rageur dans les tours et il est nul besoin d’atteindre la zone rouge, qui débute à 7200 tr/mn pour être impressionné par sa santé, qui se manifeste dès l’approche des 4000 tr/mn. Sa sonorité est également l’un de ses points forts : caverneuse, puissante, rappelant celle d’un moteur de 964, en plus méchant.”

La Classic Study, c’est à la fois le luxe du sur-mesure, les émotions d’une ancienne et les performances d’une moderne, dans un savant mix dont les ingénieurs maison gardent jalousement la recette. Idée de génie ou scandale, vous savez désormais de quel côté mon cœur balance. 

Pour découvrir l’essai complet de cette Singer Classic Study 4.0, rendez-vous dans le n°396, disponible à la commande. Vous pouvez aussi retrouver la version digitale des magazines et des hors-séries en souscrivant à l’abonnement en version numérique. 

Photos : Victor Bredillet

Adapté du texte de Fabien Caron