RUF, l’histoire du constructeur allemand

Il fait partie des noms qui contribuent à animer les discussions des passionnés. RUF est un constructeur automobile spécialisé dans l'optimisation des véhicules Porsche, dont l’histoire remonte à 1938. Auto Ruf a été créé à Pfaffenhausen par Aloïs Ruf, le père d’Aloïs Jr. Il s’agissait d’un garage de réparation automobile faisant station service. En 1974, l’activité du garage s’est développée vers la construction de bus, puis la vente d’Alfa Romeo et de BMW. A la mort de son père, Aloïs Ruf Jr. a repris l’activité à son compte alors qu’il n’avait que 24 ans. Rapidement, il s’est décidé à se spécialiser dans la marque Porsche. 

Lors d’une interview accordée à Flat 6 Magazine (n°308), Aloïs Jr. Ruf racontait : “Mon père était garagiste généraliste. Dans les années 50, il a lui-même construit un bus pour organiser des excursions dans la région. Un jour, en 1963, il s’est fait doubler par une Porsche 356 Karmann, avec le hardtop soudé. Et le monsieur a perdu le contrôle de sa Porsche sous ses yeux, finissant dans le fossé. L’auto était abîmée, mais pas détruite, et le conducteur était légèrement blessé. Mon père l’a conduit à l’hôpital, et rassuré, en lui disant qu’il était garagiste et qu’il allait récupérer sa voiture, et la réparer. Mais le Monsieur n’en voulait plus, et mon père lui a finalement rachetée, en l’état. Elle était presque neuve, avec seulement 2 ou 3000 km. Mon père l’a refaite, et il a roulé avec. Il adorait cette Porsche, et moi aussi ! J’étais adolescent, et j’avais même le droit de la conduire, sur un terrain privé. Un jour, nous sommes allés à Munich avec, et quelqu’un est venu frapper à notre vitre : il voulait racheter l’auto tout de suite, sans doute parce que c’était une version assez rare. C’était un dimanche, mon père n’avait rien contre lui vendre, mais les banques étaient bien sûr fermées. Le croirez-vous ? Il avait l’argent en liquide sur lui, dans une boîte de chocolats ! On lui a vendu et on est rentrés en train ! Ce jour-là, nous avons compris que les passionnés de Porsche étaient vraiment des gens très spéciaux, et cela nous a servi de déclic. Il y avait quelque chose à faire dans ce monde si spécial !”

En 1981, RUF a été intronisé en tant que constructeur automobile par la fédération allemande. Le nom s’est exporté à l’international en 1984, lorsque la BTR a franchi la barre des 300 km/h (306 km/h) à l’occasion d’un test de vitesse organisé par le magazine américain “Road and Track”. Il s’agissait d’une première à travers le monde.

• Des voitures uniques

Aucun écusson Porsche n'apparaît sur la voiture. Toutes sont d'authentiques créations, sur base de 911 ou de Boxster/Cayman. Ce sont donc bien des RUF avec des numéros de châssis spécifiques. Certains éléments sont sous-traités, et arrivent directement dans les locaux. Il ne reste plus qu'à les assembler, souvent à la carte, à la demande du client. Finalement, pas une RUF n'est identique à une autre.

Bien sûr, tout a un prix, et une RUF peut parfois coûter deux à trois fois plus cher que la Porsche dont elle est issue, mais c'est aussi le prix de l'excellence. Peu de préparateurs Porsche ont atteint une telle réputation, et cela ne s'est pas fait en un jour, mais le résultat est saisissant. Aloïs Ruf a toujours su faire ses propres créations en respectant l'esprit de la marque. Mieux, en allant chercher des détails que même Porsche n'aurait pas osé ressortir, ou en anticipant une sorte de "retour vers le futur" qui permet aujourd'hui de voir des autos comme la SCR ou l'Ultimate. Faire du look ancien, oui, mais avec ce qu'on fait de mieux en moderne, du moment que le plaisir soit au bout... Toutes les réalisations RUF ont, ne serait-ce que dans d'infimes détails, des références au passé, un élément dont Porsche aime jouer, mais Aloïs Ruf bien plus encore…

• Les locaux du constructeur allemand

Lors d’une visite de l’atelier, Marc Joly, ancien rédacteur en chef de Flat 6 Magazine décrivait : “Nous avons également été impressionnés par les deux bancs moteur, qui permettent de ne pas tricher sur les puissances et surtout de faire des réglages qui vont bien. Rien n'est laissé au hasard, rien ne se perd, et tout se retrouve dans une sorte de jubilation générale, dont le thème principal est la passion des Porsche. Quand on ressort d'ici, on est sous le charme, sans savoir ce qui a le plus fasciné : la création des nouveaux modèles, ou la qualité de restauration des anciennes ? Peu importe, car rares sont les "préparateurs" à faire autant rêver. Peut-être parce qu'ici, on n'a jamais fait dans l'esbroufe, dans l'ultra spectaculaire, et dans l'effet de mode. A l'image de Porsche, on a d'abord fait dans l'efficacité, la performance, la fiabilité, l'image et le plaisir…”

RUF est connu à travers le monde, notamment pour le modèle CTR, présenté en 1987. Avec son moteur bi-turbo de 469 ch, elle a battu un record de vitesse à 342 km/h sur le circuit de Nardo. Surnommée “Yellow Bird” par les journalistes de Road and Track, 29 CTR ont été produites. Nous racontions l’histoire de l’une d’entre elles, la Porsche 911 CTR Blue Bird. Au fil des années, RUF a laissé de plus en plus de place aux besoins de personnalisation des clients. 

Le marché français est friand des modèles du constructeur. Aloïs RUF déclarait lors de l’interview : “Nous avons des clients chez vous ! C’est un marché important. Compliqué par rapport aux homologations, mais aujourd’hui, avec l’Europe, on peut homologuer une RUF en France. Nous sommes constructeurs, pas préparateurs. Mais il y a chez vous de vrais passionnés, et l’implantation de Porsche en France est très forte.” Le constructeur présente régulièrement de nouveaux modèles, à découvrir sur le site internet de RUF. 

Pour tout savoir sur RUF, rendez-vous dans le n°308, disponible à la commande. 

Adapté du texte rédigé par Marc Joly