On s’y attendait tous, et Porsche vient de commencer la déclinaison de la gamme Taycan par le bas avec le lancement de la Taycan 4S. Concrètement, de quoi s’agit-il ? On a cette fois-ci droit à une puissance de 530ch avec le pack batteries Performance, et 571ch avec le pack batterie Performance Plus. Le 0 à 100 est abattu en 4s. L’autonomie varie entre 407km (batterie Performance) et monte jusqu’à 463km (batterie Performance Plus), ce qui est aujourd’hui la valeur d’autonomie la plus élevée sur une Porsche Taycan, et permet de faire pas mal de route avant de passer « à la pompe ». Question tarifs, la Taycan 4S débutera à 105 607€ en Allemagne.
En soi la 4S n’a rien de vraiment nouveau par rapport aux versions Turbo et Turbo, nous n’allons donc pas nous étendre plus que cela sur la question. D’ailleurs, nous nous attendons encore à un concert d’insultes concernant une Porsche qui commet l’affront de ne pas consommer d’hydrocarbures. C’est un fait, la Taycan aura encore un peu de mal à se faire accepter, mais cela revient-il à dire que Porsche a eu tort de la produire ? Justement, parlons-en.
Qui a tort ?
En tant que fervents passionnés de la marque, il est toujours facile de crier au sacrilège devant l’arrivée d’une Porsche électrique. Il est vrai qu’en matière d’émotions mécaniques, on devrait rester sur notre faim. Les mordus de 911 seront donc les premiers à crier au loup devant ce nouveau modèle et cloueront Porsche au pilori : le constructeur perd son âme, le constructeur est soumis au diktat de Volkswagen qui exige de l’électrique pour redorer son image…
Mais prenons du recul un bref instant. Et si c’était nous, les indécrottables passionnés, qui avions tort ? Dans toute son histoire, le constructeur a eu l’intelligence de suivre les tendances. Que l’on pense notamment à l’arrivée de la 911 R, en plein dans la mouvance du vintage. Que l’on pense également au retour des boîtes manuelles sur les Cayman GT4 et sur les Boxster Spyder. Cela prouve au moins une chose : Porsche a toujours été à l’écoute de ses clients et de l’évolution du marché mondial de l’automobile en général, et sait réagir en plaçant ce que l’on pourrait appeler des signaux d’alarme. Avec l’évolution rapide des technologies actuelles, il est presque facile de se faire balayer totalement du marché, et Kodak l’a prouvé en ne prenant jamais le virage de la photo numérique. On peut penser que Porsche ne souhaite pas devenir le Kodak de l’automobile. Quel rapport avec l’automobile, nous direz-vous ? Eh bien, le directoire de Porsche avait certainement acté depuis longtemps qu’un développement dans l’électrique serait acceptable sous certaines conditions : « Nous irons dans l’électrique lorsqu’un autre constructeur prouvera que l’on peut vendre au moins 100 000 voitures électriques », ce qu’est en train de prouver Tesla. « Nous investirons lorsque les voitures électriques représenteront au moins 5% des ventes de voitures dans certains de nos marchés majeurs », ce qui est déjà le cas de la Norvège, des Pays-Bas, de la Chine.
On ne peut garantir que Porsche ait bel et bien suivi les signaux que nous venons de proposer, mais on est en droit de supposer que le constructeur est resté très attentif et a pris sa décision avec soin. On n’investit pas 6 milliards d’€ pour le plaisir de faire plaisir à la commission européenne. D’ailleurs, la très forte demande pour la Taycan qui oblige Porsche à revoir à la hausse ses objectifs de production semble prouver que le constructeur a vu juste.