Le feu vert a été donné par le directoire, c’est désormais officiel. Porsche a pris la décision de revenir dans la catégorie reine du Championnat du Monde d’Endurance (WEC). Il va falloir tout reprendre de zéro, car le règlement de la FIA est sur le point d’évoluer fortement. D’abord, dressons un constat amer : les constructeurs n’étaient plus du tout intéressés par le LMP1 en endurance. Devenu bien trop cher pour trop peu de courses et trop peu d’exposition médiatique, il ne faisait plus vraiment sens. Après le départ de Porsche, il n’y avait plus vraiment de concurrence pour Toyota et seule la catégorie GTE suscitait vraiment l’enthousiasme des passionnés. Pensez-vous, 50% du plateau était composé de GTE, et toutes les voitures qui s’y trouvent sont des Ferrari 488, Porsche 911, Ford GT et consorts. En bref, des voitures que l’on peut acheter chez son concessionnaire. Fort de ce constat, la FIA a considérablement revu sa copie et a remanié totalement le règlement du LMP1 qui rassemblera désormais deux types de prototypes : les LMH (Le Mans Hypercar) et les LMDh (Le Mans Daytona h). C’est cette dernière catégorie qui intéresse Porsche car le règlement LMDh permet d’engager les prototypes également dans les championnats américains. Autrement dit, nous verrons Porsche batailler pour la victoire absolue dans des courses aussi prestigieuses que les 12 heures de Sebring, les 24 heures de Daytona, les 24 heures du Mans ou les 6 heures de Spa. Peut-on imaginer programme plus excitant ?
Porsche revient au Mans avec un proto LMDh
Le prototype qui sera engagé en LMDh, vous en avez les premières esquisses sous les yeux. On sait encore peu de choses sur la configuration de ce proto, il n’a même pas encore de nom. Tout ce que l’on sait, c’est que tous les concurrents du LMDh devront concevoir leur proto sur la base d’un châssis fourni par l’un des fournisseurs sélectionnés par la FIA, comme Dallara ou Ligier. A ce stade, Porsche n’a pas encore arrêté le choix du fournisseur car les équipes de Motorsport manquent encore d’éléments concrets pour prendre leur décision. En définitive, ces protos devraient peser aux alentours de 1000 kg pour une puissance d’environ 680 ch. Loin des quasiment 1000 ch de la 919 Hybrid, mais les courses devraient toutefois être bien plus excitantes car de nombreux constructeurs, comme Peugeot ou McLaren, se montrent très intéressés par ce nouveau règlement.
On peut se demander pourquoi Porsche n’a pas pris la décision de s’engager dans la catégorie LMH, celle qui aura certainement la plus forte image car on y attend des voitures inspirées des hypercaars de route ? Cela repose en fait sur des motifs assez logiques. Premièrement, le règlement LMH permet en effet de maîtriser toute la conception de l’auto, mais les coûts engagés sont bien plus élevés. D’autre part, contrairement au LMDh, le règlement LMH ne permet pas d’engager les mêmes voitures dans les championnats américains, et si l’on veut bien se rappeler de l’importance du marché américain pour Porsche, il semblait impératif de pouvoir participer au championnat IMSA. S’engager en LMDh permet donc de courir sur tous les continents pour un coût plus raisonnable, ce qui a tout d’une formule gagnante. Enfin, Porsche a articulé sa politique en compétition de la même façon que sur ses voitures de série : il y a des moteurs thermiques, des hybrides et des électriques. L’engagement des thermiques est assuré par les 911 RSR en GTE, les électriques participent à la Formule E, et les hybrides seront désormais représentées en LMDh. Et Porsche n’exclut pas de proposer ce proto à des écuries clientes !
Quel avenir au sport automobile chez Porsche ?
On ne peut que se réjouir de cet engagement de Porsche au plus haut niveau en compétition. S’il y a une raison d’être déçu, c’est que l’attente sera longue : la première apparition de Porsche en LMDh n’est pas prévue avant 2023, il va falloir se montrer patient. En attendant, le constructeur a renouvelé son engagement en GTE pour les quatre prochaines années et déploie tous les efforts nécessaires afin de faire en sorte que les 911 RSR aient toutes leurs chances en championnat. Cette année, elles avaient signé la pole position au Mans avant d’être condamnées à une course d’attente, n'ayant pas les armes pour prétendre à la victoire. « Nous continuons d’analyser ce qui s’est passé, et nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités de la FIA afin d’établir une balance de performances plus équitable » a souligné Pascal Zurlinden, le directeur de la division Porsche Motorsport. En ce qui concerne les résultats en demi-teinte du constructeur en Formule E, Pascal Zurlinden a rappelé qu’il s’agissait de la première saison du constructeur dans ce championnat, il s’agissait avant tout d’une saison d’apprentissage. A ceux qui reprochaient à Porsche d’avoir perdu son âme, il semblerait toutefois que Porsche ait toujours une folle envie de garnir une armoire à trophées qui manque pourtant cruellement de place.